LITTORAL VIVANT
Les catégories modernistes du naturel et de l'artificiel deviennent des outils de moins en moins utiles pour comprendre notre relation à l'environnement. L'hybridité profonde du paysage actuel, où les traces des processus humains s'entremêlent de façon toujours plus inextricable à la nature, nous force à envisager le territoire sous des angles autres que celui de la nostalgie. Bien qu'il ne fasse aucun doute que le remblai autoroutier qui a effacé en 1976 les battures originales du fleuve fût une catastrophe écologique, tenter de ramener une lecture "originaliste" du territoire de Beauport en recréant le paysage perdu serait en quelque sorte refaire la même erreur mais à l'envers. La quête bucolique d'une nature idéalisée relève d'une nostalgie qui effacerait toute l'histoire récente du site.
Pourtant, accepter qu'en cette époque anthropogénique, l'humain à transformé le paysage de façon irrémédiable, ne signifie pas pour autant abandonner cette lutte pour retrouver un équilibre plus juste entre humains et non-humains. Jusqu'ici, les artéfacts produits par l'industrialisation et l'urbanisation se sont souvent imposés brutalement à l'environnement. Peut-on trouver aujourd'hui, dans les zones de friction entre la ville et la nature, une hybridité plus productive, une rencontre plus profonde où les artefacts humains d'hier et ceux à venir s'installent dans une relation symbiotique avec le vivant?
Alors que le projet de la promenade Samuel-de-Champlain à l'ouest de Québec propose un paysage entièrement mis au service de l'humain, le projet Littoral Est explore comment on peut intensifier la biodiversité sans avoir recours à l'image d'une nature vierge et intouchée. Le projet embrasse toutes les couches historiques du paysage, y compris celles qui ont le plus contribué à la déconnexion entre humains et non-humains. Ce réinvestissement des artéfacts de la culture moderne par une nature luxuriante devient l'image de cette nouvelle alliance du vivant. Loin de la typologie du parc urbain où la nature est entièrement domestiquée, le littoral se transforme en une interface où la ville jouxte directement des poches de nature libre et foisonnante.
Dès ses premiers balbutiements, la pensée écologique a démontré que la résilience des systèmes naturels vient principalement de leur interconnexion et leur interdépendance. En utilisant le littoral et les trois rivières qui s'y déversent, on peut reconnecter certains réservoirs de biodiversité isolés par l'urbanisation et le morcellement. Le littoral, qui auparavant mettait exclusivement l'accent sur la mobilité humaine, devient également un axe de mobilité important du vivant non-humain. Une série d'interventions paysagères travaillent à la création de lisières entre différents biomes, des zones toujours riches en biodiversité.
Ce projet de réaménagement du littoral s'engage dans ces temps incertains avec une hypothèse : l'architecture, l'architecture de paysage et l'aménagement des territoires doivent veiller à ce que la nature s'exprime à nouveau. Ce projet est l'opportunité de recréer les liens écologiques entre les écosystèmes marins et terrestres ainsi que recréer les liens socioécologiques entre les citoyens et la diversité biologique du littoral.
(Tiré du texte du concurrent)
Cette proposition offre une vision ambitieuse qui mise sur l'augmentation du verdissement du site jusqu'à l'envisager comme une grande infrastructure verte, prévoyant en conséquence une importante réduction du bitume de l'autoroute au profit d'une tout autre expérience de boulevard urbain, de type terre-plein (parkway). Le jury a apprécié la très grande clarté des fondements de la proposition, à savoir rétablir un équilibre harmonieux entre l'humain et la nature en recréant des liens écologiques entre les écosystèmes marins et terrestres. La compréhension fine de l'échelle régionale, de la topographie et des rivières nourrit un projet particulièrement cohérent, et cela, à différentes échelles. Les stratégies d'aménagement du littoral sont particulièrement bien traduites et les différents pôles proposés ont été très bien dessinés, explicites des qualités à offrir. Chacun d'eux présente une approche sensible où la conversion en milieu écologique propose la formation de micro-habitats. L'approche globale (bien que moins radicale que celle d'autres propositions) est considérée comme sensible, autant que celle qui a inspiré chacun des pôles, et réaliste à court terme, répondant bien aux besoins du milieu et favorisant l'accès au fleuve par les citoyennes et citoyens. L'échelle réduite de l'emprise du boulevard urbain est jugée adéquate, bien que le jury s'interroge sur la pertinence de maintenir deux axes de transit côte à côte. Les connectivités piétonnes nord-sud ne paraissent pas optimisées quant à l'expérience, puisque toujours en contact avec la voiture. L'aspect écologique de la proposition est toutefois bien accueilli, grâce notamment à la sinuosité des aménagements, peu commune aux autres projets. La transformation de viaducs nord-sud en parcs plantés au profit des piétonnes et piétons et des cyclistes est un geste salué par le jury, en clin d'oeil au passé autoroutier, et qui peut s'inspirer du succès connu du « High Line » de New York. La récupération des vestiges des piliers du pont actuel de l'île d'Orléans, en marge du nouveau pont projeté, ajoute une dimension patrimoniale qui mérite mention. Ce projet se distingue par la clarté de sa présentation, le réalisme de son approche et la pertinence de ses ambitions en matière de verdissement urbain.
(Tiré du rapport du jury)
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- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Perspective
- Plan d'implantation
- Plan
- Coupe
- Coupe
- Coupe
- Axonométrie
- Plan d'implantation
- Axonométrie
- Axonométrie
- Axonométrie
- Axonométrie
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Schéma
- Extrait de planche
- Extrait de planche
- Extrait de planche
- Extrait de planche