Rues piétonnes et partagées : sécurité et marchabilité
À travers un programme d’implantation de rues piétonnes et partagées (PIRPP), la ville de Montréal souhaitait améliorer davantage les espaces de rencontre pour ses citoyens et ses touristes. Le projet de la zone de rencontre Simon-Valois, dont le concours fut lancé en 2017, s’insérait dans la ligne de projets municipaux destinés à valoriser l’expérience piétonne. Situé dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, le site choisi pour la réalisation de ce projet était stratégique vu son environnement à caractère commercial et culturel. Pour répondre aux exigences du concours, le projet lauréat Aiguillage Urbain de CIVILITI + FRANÇOIS COURVILLE + UDO DESIGN a opté pour un espace bien défini, structuré et géométriquement pertinent. La qualité de l’expérience piétonne reposerait ainsi sur des rapports à l’existant aussi respectueux que bien composés.
La place Simon-Valois, qui ne faisait pas partie intégrante du site du concours, peut être considérée comme un lieu propre à l’accueil des évènements. Cette place reste le foyer culturel du quartier Hochelaga-Maisonneuve, quartier en pleine revitalisation avec l’installation de nouveaux résidents et l’aménagement de nouveaux commerces. Les prestations des concourants étaient attendues sur la chaussée et les trottoirs dont la superficie cumulée atteint les 3750 m². Ce concours mettait en avant le concept de « rue partagée » défini par la priorité des piétons sur la chaussée, la vitesse des automobiles et des cyclistes étant majorée à 20 km/h. En 2017, ce projet était aussi considéré comme avant-gardiste du concept de ce type de rue et servira plus tard de référence pour des projets du même type, en particulier à Montréal et dans le Québec en général.
Ce lieu aspirait en outre à se constituer en témoin permanent des qualités d’accessibilité universelle, de mobilité et de sécurité; d’attractivité et de convivialité; le tout dans un aménagement polyvalent permettant des rassemblements de petites et de grande envergure.
Les concurrents devaient mobiliser des expertises dans les différents types d’aménagements paysagers et mobiliers, dans les choix de la matérialité du projet et la qualité du traitement de l’éclairage. Le programme mettait un accent sur le caractère amovible de certains aménagements, notamment les trottoirs/terrasses démontables qui vont prendre vie en bordure des immeubles pendant la saison estivale. Concernant la flore, une stratégie végétale en trois volets était mise sur pied. La transplantation d’arbres matures, la plantation d’arbres à fleurs et la plantation de massifs arbustifs à floraison abondante.
Le concours s’est déroulé en deux phases. Près de vingt équipes ont vu leurs projets évalués par un jury qui a qualifié quatre finalistes:
« Perméance » par le consortium : ALEXANDRE BERNIER ARCHITECTE + PAUL BERNIER ARCHITECTE + L’ABRI ;
« La grande Simone » par le consortium : MOUSSE ARCHITECTURE DE PAYSAGE + COLLECTIF ESCARGO + GRAVITAIRE ;
« Motif orienté » par le consortium : ARCADIA STUDIO + PARASOL et
« Aiguillage urbain » par le consortium : CIVILITI + FRANÇOIS COURVILLE + UDO DESIGN.
Plusieurs enjeux ont retenu l’attention du jury : la fonctionnalité, la cohésion, les enjeux esthétiques et visuels, les enjeux d’appropriation et de polyvalence sont les principaux éléments qui ont permis de faire le filtre des projets à la première étape. Outre ces critères, le jury a porté une attention particulière à l’évolution des propositions après les rapports de la première étape, à la justesse et l’efficacité des choix architecturaux et aux implications budgétaires et défis de faisabilité qui en découlent.
À la 4e place, le projet « Perméance », d’ALEXANDRE BERNIER ARCHITECTE + PAUL BERNIER ARCHITECTE + L’ABRI, s’est démarqué par l’abondance de végétation. L’arrondissement reconnaissant le manque d’espaces verts, un chantier du reboisement restait une donnée à prendre en compte. Le jury a toutefois trouvé que cet atout était finalement peu exploité et pouvait se présenter comme un frein à l’appropriation de l’espace lors des évènements d’envergure.
« La Grande Simone, » fut classée en 3e position. Pour le jury, ce projet présentait un bon équilibre entre minéralité teintée et végétalisation, les différents espaces offrant une grande marge de liberté de déplacement pour les citoyens. MOUSSE ARCHITECTURE DE PAYSAGE + COLLECTIF ESCARGO + GRAVITAIRE ont proposé un aménagement permettant l’épanouissement d’activités pouvant rassembler un fort public. Mais les choix des matériaux, notamment ceux du mobilier et du pavé en béton teinté, n’ont pas convaincu du point de vue de la durabilité.
En deuxième position, ce sont la simplicité, la qualité visuelle, la bonne gestion de l’esthétique qui ont constitué les qualités de la proposition d’ARCADIA STUDIO + PARASOL. Ce projet se différencie aussi par un « motif orienté » qui se répète de manière matricielle sur le sol de la zone de rencontre. En plus d’une bonne performance fonctionnelle de l’ensemble, la rue Valois semble particulièrement mieux aménagée, avec des propositions flexibles et polyvalentes. Mais le jury s’est interrogé sur l’efficacité de l’appropriation de certains espaces par les commerçants que ce soit lors de l’achalandage quotidien de la rue autant que lors de sa fermeture. Sur le plan des solutions écologiques, la gestion des eaux devait être gérée par des bacs de bio rétention. Cela a démarqué positivement ce projet, qui a bien présenté la faisabilité technique de cet aspect. Mais l’on a souligné le manque de fluidité lors des déplacements sur les trottoirs du fait même de l’emplacement de ces bacs et aussi de la gestion de certains aménagements voulant rendre hommage au motif orienté.
Pour faire un clin d’œil aux rails du chemin de fer qui passait sur le site de la place Simon-Valois, le projet lauréat du concours a choisi l’utilisation de l’acier Corten pour le mobilier. Le jury semble avoir particulièrement apprécié les qualités de ce matériau et son lien historique avec le lieu. Le projet lauréat Aiguillage Urbain de CIVILITI + FRANÇOIS COURVILLE + UDO DESIGN a en effet opté pour un espace bien défini, structuré et géométriquement reconnaissable. En optant pour une simplicité et une cohésion avec l’existant, les différents aménagements s’imprègnent de l’esprit de la place Simon-Valois tout en contribuant à son agrandissement. Du côté de la rue Ontario, le projet propose une appropriation flexible de l’espace qui répond aux attentes du concours. La gestion des espaces verts et des arbres, souvent considérée comme peu audacieuse, nécessite une aération visuelle du site, en particulier pour les grands rassemblements. Ce choix d’aménagement est bien soutenu et embelli par une configuration du système d’éclairage à l’esthétique appréciable. Le projet a été jugé non seulement pertinent, mais réaliste dans sa faisabilité, que ce soit au niveau des projections budgétaires, que des technologies de construction.
Le concept de « rue partagée » présente des défis paradoxaux aux concepteurs, exigeant des solutions innovantes pour donner aux zones de rencontre leur véritable potentiel. Le déplacement des arrêts d’autobus hors de la zone a finalement été jugé plus que nécessaire par le jury, augmentant ainsi un sentiment d’appartenance et de sécurité chez la personne se déplaçant à pied. Car c’est bien de la qualité de la sécurité qu’il s’agit quand on parle d’une expérience piétonne retrouvée en milieu urbain.
Le quartier Hochelaga-Maisonneuve est en pleine transformation sociale et urbaine. Son riche héritage industriel, sa vitalité et sa proximité du centre- ville attirent aujourd'hui de nouveaux résidents et commerçants qui contribuent à la mixité sociale et à une économie locale de plus en plus prospère.
En guise de poursuite des efforts de valorisation du secteur, l'arrondissement lance un appel à la création d'envergure canadienne pour transformer les abords de la Place Simon-Valois en une zone de rencontre par l'aménagement de deux tronçons de rues partagées, soit la rue Ontario et l'avenue Valois.
La visée première de ce concours est de répondre à l'énoncé de vision en mettant de l'avant les principes de la rue partagée (en 2.1) pour l'ensemble du périmètre d'intervention ciblé (en 1.2). L'arrondissement souhaite atteindre de hauts standards en termes de qualité des aménagements, tant sur les plans esthétique, spatial, fonctionnel que social. Les objectifs suivants doivent agir à titre de lignes directrices pour l'élaboration du projet afin d'aménager une Zone de rencontre sécuritaire, conviviale et polyvalente.
(Tiré du programme du concours)
Hochelaga-Maisonneuve, Ville de Montréal-Arrondissement Mercier-, Lancement d'un concours de design pour l'aménagement de la Zone de rencontre Simon-Valois
Ledain, Nicolas, La place Simon-Valois élue «coup de cœur» du concours Opération patrimoine, Journal Métro, 2018
Montréal, Arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve | Ville de, Projets finalistes | Concours pluridisciplinaire | Zone de rencontre Simon-Valois, Kollectif, 2017
Présentation publique // Zone de rencontre Simon-Valois – Projet Paysage
Constructo, Portail, Zone de rencontre Simon-Valois : concours de design national
astopa, La piétonnisation de la place Simon-Valois décalée en 2018, Journal Métro, 2017